Le cycle du phosphore
Les plantes absorbent le phosphore en puisant des ions phosphates du sol par leur système racinaire. Ces ions sont fournis par l'apport d'engrais, par la minéralisation des matières organiques contenant du phosphore (feuilles, fumiers, paille, compost, etc.), et par le sol.
L’essentiel
Le phosphore est peu abondant dans les roches et absent de l'atmosphère. Il s'agit d'une ressource géologique non renouvelable dont les réserves sont estimées entre 100 et 250 ans [Pellerin et al 2014, p 24]. Le phosphore est recensé comme l'une des 20 matières premières critiques, et la seule qui concerne l'alimentation.
Les plantes ne peuvent absorber que la forme ionique orthophosphate. Le phosphore est facilement adsorbé sur la phase solide du sol et les composés minéraux. Il peut également être immobilisé par l'activité biologique du sol. Les quantités dissoutes sont très faibles [Pellerin et al 2014, p 20] et les échanges sont très lents. Pour ces raisons, le phosphore est peu mobile. On estime que 20% des apports d'engrais phosphorés sont utilisés par les plantes, le reste est mis en réserve dans le sol sous différentes formes, et rendu disponible les années suivantes par les mécanismes d'érosion, de minéralisation et de lessivage.
Le phosphore non assimilé par les plantes se retrouve dans l'environnement par lixiviation, érosion et ruissellement. Un excès dans les eaux de surface conduit à l'eutrophisation des milieux aquatiques [Pellerin et al 2014, p 22].
Le recyclage du phosphore constitue un enjeu crucial, à la fois pour lutter contre la pollution et pour préserver les ressources non renouvelables. Comme montré dans le schéma ci-dessous, la méthanisation peut y contribuer en facilitant le retour au sol des biodéchets, des boues de station d'épuration et des déchets agricoles végétaux comme animaux.
Pour aller plus loin
Sources de phosphore
Les apports aux sols proviennent :
- des engrais minéraux,
- de l'érosion hydrique ou éolienne des roches, et des remontées par les sources chaudes et le volcanisme,
- du lessivage des sols cultivés et de la décomposition des matières organiques,
- du recyclage via la faune marine (poissons, guano…) puisque les flux de phosphore aboutissent in fine dans les océans,
- des effluents urbains et industriels,
- et des cycles géologiques sur le très long terme : sédimentation des matières phosphatées dans les fonds marins, genèse de roches phosphatées, et transformation en roches terrestres par orogénèse (tectonique des plaques).
Formes du phosphore
Le phosphore peut se trouver dans différents états :
- à l'état insoluble sous forme de phosphates de calcium, de fer ou d'aluminium (c'est son état naturel principal);
- adsorbé par les minéraux (argiles…), sous des formes minérales cristallines (apatite, struvite) ou sous des formes organiques (phytates);
- sous forme ionique soluble, la seule qui soit absorbable par les plantes.
Le phosphore évolue en permanence entre les formes fixées, adsorbées et solubles : minéralisation / organisation entre les formes organiques et les formes solubles (ioniques), adsorption / désorption entre les formes solubles et les formes labiles, et fixation / défixation entre les formes labiles et les formes fixées (adsorbées).
Les principales formes de phosphate
P2O5 : superphosphate
H3PO4 : acide phosphorique
HPO42-, H2PO4- : ions hydrogénophosphate et dihydrogénophosphate
PO43- : ion orthophosphate
Les différentes formes de phosphate minéral évoluent de l'une à l'autre selon les lois d'équilibre de dissociation :
H3PO4 ⇔ H2PO4- + H+ ⇔ HPO42- + 2H+ ⇔ PO43- + 3H+
Engrais phosphatés
Les engrais minéraux phosphatés sont tirés des gisements naturels de phosphate de calcium, dont les principaux sont présents en Chine, aux États-Unis, en Russie, au Moyen-Orient, et au Maghreb. Le Maroc possède à lui seul les 3/4 des réserves mondiales.
Il existe plusieurs formes de phosphates et plusieurs types commerciaux d'engrais phosphatés. Il est possible d'utiliser des phosphates naturels obtenus par broyage de phosphate brut, ou d’attaquer ce phosphate naturel à l'acide sulfurique pour former de l'acide phosphorique, qui est ensuite combiné avec d'autres matières minérales pour produire du superphosphate (P2O5), du phosphate d'ammoniac ou d’autres formes d’engrais phosphatés combinés.
La valeur agronomique d'une matière est souvent mesurée sur son équivalence en P2O5.