Les cultures intermédiaires

Pour aller plus loin

Technique

Les cultures intermédiaires sont des des cultures semées entre deux cultures dites principales. Elles remplissent plusieurs rôles agronomiques et font l'objet de différentes dénominations qui dépendent de l'usage attendu : CIPAN ("cultures intermédiaires piège à nitrate"), couverts végétaux, intercultures, cultures dérobées, CIMS ("cultures intermédiaires multiservices"). Il existe des intercultures à "vocation" alimentaire, fourragère, apicole, cynégétique, énergétique (CIVE) ou utilisables potentiellement comme matériaux. 

Leurs effets agronomiques de ces cultures intermédiaires sont nombreux :

  • elles permettent de capter les reliquats d'azote restant dans le sol après la récolte de la culture principale, et de restituer cet azote à la culture suivante. Elles jouent dans ce cas le rôle "d'engrais vert". On les désigne par CIPAN lorsqu'il s'agit de leur fonction principale ;
  • elles évitent de laisser le sol nu entre deux cultures et protègent donc celui-ci contre l'érosion. La couverture hivernale des sols est obligatoire en France depuis 2012 dans toutes les zones dites "vulnérables", c'est-à-dire où les eaux sont susceptibles de pollution azotée, ce qui représente environ la moitié de la surface agricole utile.
  • en occupant le terrain, elles laissent  moins de place aux adventices ;
  • elles stockent du carbone dans le sol grâce à leur système racinaire ;
  • elles alimentent la vie du sol et contribuent à la biodiversité grâce à la production supplémentaire de biomasse.
  • elles produisent de la biomasse qui peut être utilisée comme fourrage ou pour des usages énergétiques ( CIVE)
Schéma_rôle_cive

 

 

Utilisations possibles des cultures intermédiaires

Les cultures intermédiaires sont ordinairement broyées avant le semis de la culture principale suivante, et laissées au champ. Elles jouent dans ce cas une fonction d'engrais vert.

Les cultures intermédiaires ne peuvent pas être récoltées pour des usages qui seraient en concurrence avec l'alimentation humaine ni avec les usages basés sur l'utilisation de graines mûres. Sous les latitudes tempérées, les cultures intermédiaires ne parviennent jamais au stade de maturité et ne sont pas capables de produire des graines riches en amidon, protides et lipides, même lorsqu'il s'agit de céréales ou d'oléoprotéagineux. Une céréale semée comme culture intermédiaire sera récoltée en vert à un stade immature.

En revanche elles ont une valeur fourragère car elles sont digestibles par les ruminants. En région d'élevage bovin ou ovin, les cultures intermédiaires peuvent constituer une source de fourrage supplémentaire. Elles rentrent alors dans les stratégies d'approvisionnement fourrager des éleveurs, au même titre que le foin ou l'ensilage d'herbe ou de cultures fourragères.

Plus généralement, les cultures intermédiaires peuvent faire l'objet des mêmes usages que l'herbe.

Dans certaines configurations particulières toutefois, la culture intermédiaire peut être récoltée en graine. Cela est possible lorsque les durées des cycles des cultures principales qui se succèdent permettent à la culture intermédiaire d'atteindre la maturité : par exemple le semis début juillet d’un soja très précoce après une orge d’hiver ; ou le semis après une céréale d’hiver d’un sarrasin mi juillet, qui sera récolté fin octobre-novembre. On parle dans ce cas de cultures dérobées, vocable qui désigne les cultures intermédiaires destinées à être récoltées, et qui peut englober les cultures intermédiaires à valeur fourragère, dont les CIVE, ce qui peut prêter à confusion.

Conduite agronomique des cultures intermédiaires

Comme les cultures principales, les cultures intermédiaires peuvent faire l'objet de fertilisation, de traitement ou d'irrigation. Plusieurs stratégies agronomiques sont possibles :

  • une logique d'intervention minimale, sans fertilisation ni traitement ;
  • une logique où la culture intermédiaire est considérée comme une production à part entière et fait l'objet d'interventions similaires à celles de la culture principale : fertilisation, traitement, voire irrigation.

Dans le premier cas, la production de biomasse est plus aléatoire, et si la culture intermédiaire ne lève pas ou produit trop peu de biomasse, elle est susceptible de ne pas pouvoir remplir ses fonctions agronomiques. Dans ce cas, on vise principalement la fonction de CIPAN, sans objectif de récolte de la biomasse.

Dans le second cas, la production de biomasse est plus importante et moins sensible aux aléas météorologiques, mais nécessite plus d'intrants et d'interventions. On vise dans ce cas en général un objectif de production de biomasse, et le niveau d'intervention est généralement fonction du niveau de rendement attendu.

Des stratégies intermédiaires sont possibles, par exemple une fertilisation limitée à l'utilisation du digestat.

Sources
Savouré M.-L., Brochier M., Guy P. et al., 
OPTABIOM : Bien choisir ses cultures intermédiaires
, Juin 2011 , Myriam Brochier et Marie-Laure Savouré - Agro-Transfert Ressources et Territoires ; Pierre Guy, Laurent Chapron et Aurélien Deceuninck - Chambre d’Agriculture de la Somme. Réalisation : Juin 2011 - Contacts mis à jour en novembre 2013
Collectif, 
Les cultures intermédiaires pour une production agricole durable
, Août 2013 , Editions Quae. Disponible en anglais sous le titre Cover Crops for Sustainable Farming auprès des éditions Springer - www.springer.com
Collectif. , 
Des couverts à durée indéterminée
, Avril 2017 , Persectives Agricoles n°443, p. 38-54
Collectif, 
Couverts en interculture - savoir les cultiver pour atteindre ses objectifs
, 2018 , éalisé par les Chambres d’agriculture de la région Centre dans le cadre du Programme Régional de Développement Agricole et Rural2014-2020, avec le soutien financier duCAS-DA et de la région Centre Val de Loire dans le cadre du Capfilière grandes cultures.